L’avenir est numérique : L’agriculture numérique et la politique agricole canadienne

Note de l’ICPA
Ce rapport examine le rôle de l’agriculture numérique dans le renforcement de l’agriculture canadienne face à l’augmentation des coûts, aux pressions commerciales et aux défis climatiques. La recherche découle de la nécessité de comprendre pourquoi l’adoption de l’agriculture numérique est à la traîne malgré le potentiel évident de gains en termes de productivité, de compétitivité et de durabilité. L’enjeu est d’autant plus important que la politique agricole du Canada, y compris le Partenariat canadien pour une agriculture durable 2023-2028, n’a pas fait de l’agriculture numérique une priorité, exposant ainsi les agriculteurs à la concurrence mondiale qui prend de l’avance. À l’approche du prochain accord fédéral-provincial-territorial, cette lacune doit être prise en compte.
Les agriculteurs sont confrontés à une décennie critique. Nombre d’entre eux vieillissent, se regroupent et passent les rênes à une génération prête pour la technologie. D’autres sont désireux d’adopter de nouvelles technologies, facilement disponibles, qui peuvent leur permettre d’améliorer leurs pratiques commerciales, mais ils ont besoin d’un plus grand soutien de la part des décideurs politiques. Ensemble, ces deux dynamiques ont créé une fenêtre d’opportunité parfaite pour agir. En effet, il pourrait même s’agir d’un moment générationnel « maintenant ou jamais » pour inaugurer une révolution numérique au sein du secteur agricole canadien.
Le rapport révèle un écosystème fragmenté où les grandes exploitations prospèrent en adoptant de nouveaux outils et de nouvelles technologies, mais où les plus petites fermes luttent, passant à côté des gains de rentabilité et de durabilité. Les idées et les recommandations de ce rapport visent à faire de l’agriculture numérique une priorité nationale. Cinq mesures concrètes devraient permettre de combler les fossés en matière d’adoption et d’équiper les agriculteurs pour l’avenir. Les enjeux sont importants et le moment est venu de passer à l’action.
Points saillants
- Les discussions actuelles sur l’agriculture numérique se concentrent trop sur les avantages potentiels de la technologie et pas assez sur les réalités au niveau de l’exploitation. Le fait de s’intéresser aux défis pratiques et aux bénéfices peut conduire à un changement significatif.
- Il a été prouvé que les outils d’agriculture numérique mis à la disposition des producteurs aujourd’hui stimulent la productivité et la compétitivité et réduisent l’impact sur l’environnement, avec la possibilité de débloquer entre 750 millions et 1,5 milliard de dollars de recettes nettes annuelles supplémentaires au cours de la prochaine décennie.
- Les taux d’adoption au Canada restent relativement faibles, laissant les agriculteurs à la traîne par rapport à leurs homologues mondiaux. Une connectivité rurale insuffisante, des taux de retour sur investissement peu clairs et la méfiance à l’égard des politiques de gestion des données des grands fournisseurs de technologie sont quelques-uns des obstacles qui freinent l’adoption de ces technologies.
- Le Partenariat canadien pour une agriculture durable n’a pas fait de l’agriculture numérique un domaine d’intérêt. Le prochain accord-cadre stratégique FPT sur la politique agricole devrait accorder une importance stratégique au renforcement de l’adoption et de l’utilisation efficace des technologies numériques, en particulier compte tenu de la numérisation rapide des économies canadienne et mondiale.
- Le vieillissement des agriculteurs, le manque de relève, les pressions du marché et l’incertitude du commerce mondial font que c’est le moment ou jamais. La transformation numérique de l’agriculture canadienne ne peut pas attendre éternellement.