Changement climatique, productivité agricole et l’assurance agricole au Canada

Note de l’ICPA
L’ICPA reconnaît l’importance de favoriser et d’encadrer la prochaine génération de leaders d’opinion issus de programmes de doctorat partout au Canada, qui travaillent dans des domaines multidisciplinaires. Grâce à son programme de boursiers doctoraux, l’ICPA offre à un petit groupe innovateur de jeunes étudiants l’occasion d’appliquer leurs connaissances et leur expertise à certains des enjeux politiques les plus importants de l’agriculture.
La quatrième cohorte de boursiers doctoraux de l’ICPA (2024-2025) a été chargée d’axer ses recherches sur les politiques nécessaires pour répondre aux pressions exercées sur les terres et les ressources naturelles du Canada par la production agricole face au changement climatique, à la perte de biodiversité, à la croissance démographique mondiale et aux préoccupations en matière de sécurité alimentaire. Ce document est le résultat final du programme et met en évidence la nature interdisciplinaire de la recherche des boursiers en ce qui concerne le changement climatique, la productivité agricole et l’assurance agricole au Canada.
Cette bourse est soutenue en partie par RBC Fondation par le biais de RBC Tech for Nature dans le cadre de l’initiative environnementale plus large de l’ICPA, Les politiques de l’utilisation des terres, de l’agriculture et de la Nature(PLAN).
L’ICPA et les boursiers de doctorat aimeraient souligner la contribution des quatre membres du Comité consultatif d’experts qui ont fourni de précieux commentaires lors de la préparation de ce rapport – Dr. Marie-Élise Samson, Université Laval, Dr. Tom Nudds, Université de Guelph, Peter Sykanda, Fédération de l’agriculture de l’Ontario, et Anatoliy Oginskyy, ministère de l’Agriculture et des Forêts de l’Alberta.
Points saillants
- La variabilité du climat oblige les agriculteurs canadiens à adapter leurs choix de cultures. Dans cette étude, nous montrons que dans des conditions stables, la plupart des exploitations agricoles canadiennes préféreraient se spécialiser dans quelques cultures plus performantes. Cependant, la variabilité du climat les pousse à adopter une approche plus « touche-à-tout », ce qui se traduit généralement par une baisse de la production par hectare.
- L’assurance récolte sert de tampon contre les chocs climatiques. Notre analyse montre qu’en l’absence d’assurance, les agriculteurs touchés par les chocs climatiques ont tendance à se diversifier fortement, en détournant les ressources de leurs cultures les plus rentables, sacrifiant ainsi la productivité. Avec l’assurance, ces effets sont atténués : les exploitations bénéficiant d’un soutien important de l’assurance ont pu rester plus spécialisées dans les cultures à forte valeur ajoutée, même après des conditions météorologiques défavorables, et ont donc maintenu une productivité plus élevée que les exploitations non assurées ou sous-assurées.
- L’augmentation des risques climatiques met à rude épreuve les programmes d’aide à l’agriculture. Le coût des indemnités d’assurance a augmenté parallèlement aux conditions météorologiques extrêmes. Par exemple, le total des paiements directs aux agriculteurs, en grande partie dus aux indemnités d’assurance-récolte, est passé de moins de 1,9 milliard de dollars en 2018 à près de 5,7 milliards de dollars d’ici à 2023. Cette tendance souligne l’urgence de renforcer la résilience : les programmes de soutien doivent être efficaces et durables à mesure que les demandes d’indemnisation augmentent.
- Des stratégies personnalisées et proactives sont nécessaires pour protéger à la fois les revenus et la productivité des exploitations agricoles. Les mesures politiques doivent rendre l’assurance plus accessible et plus réactive, promouvoir des choix de cultures et des pratiques agricoles résistants au climat, et prendre en compte les différences régionales en matière de risques. Ce faisant, les agriculteurs canadiens pourront mieux résister aux effets du changement climatique tout en maintenant les niveaux de productivité nécessaires à la sécurité alimentaire et à la viabilité économique.