Trouver le juste équilibre : stratégie proactive ou réponse réactive?

Note de l’ICPA
Les risques auxquels sont confrontés les agriculteurs canadiens évoluent rapidement, et la réponse politique déterminera s’ils deviendront des menaces ou des opportunités. Trop souvent, la politique de gestion des risques est considérée de manière restrictive comme un programme de gestion des risques de l’entreprise (GRE). Bien que les ministres aient approuvé des modifications à Agri-stabilité et à Agri-investissement en réponse à l’évolution des risques, le simple fait d’ajuster les programmes ne constitue pas en soi une stratégie efficace de gestion des risques.
L’absence d’une gestion proactive et globale des risques peut rendre les agriculteurs trop dépendants du soutien gouvernemental et créer des lacunes dans la compréhension, la capacité et la confiance en matière de gestion des risques au niveau des exploitations agricoles. Il s’agit là d’une occasion manquée : les agriculteurs sont la première ligne de défense en matière de gestion des risques et ils pourraient être mieux équipés pour gérer les risques et saisir les opportunités qui en découlent.
Le présent rapport trace la voie vers une gestion des risques plus proactive. Il préconise la modernisation du cadre et de la stratégie de gestion des risques, la création d’un groupe de travail national et d’un réseau de recherche, et une plus grande attention accordée au renforcement des capacités des agriculteurs. Ensemble, ces mesures tracent une voie claire vers un secteur proactif, confiant et prêt à faire face aux risques en constante évolution qui lui attendent.
Points saillants
- Les politiques agricoles du Canada perpétuent la dépendance des producteurs à l’égard des programmes de gestion des risques de l’entreprise (GRE) et découragent les solutions de rechange. Le secteur agricole canadien dépend excessivement des programmes de GRE, qu’il considère comme la seule solution en matière de gestion des risques. En mettant l’accent sur la planification proactive, la prévention et la préparation grâce au perfectionnement des compétences, aux services consultatifs et aux programmes incitatifs, on contribuera à accroître la résilience, la capacité d’adaptation et la confiance des producteurs, tout en atténuant le stress causé par l’incertitude.
- Le passage à une gestion proactive des risques est la clé de la résilience à long terme du secteur. Investir dans des stratégies de prévention et de réduction des risques stimule la productivité, la rentabilité et l’adoption de technologies et de pratiques innovantes, créant ainsi un cycle auto-renforçant de réduction des pertes et d’augmentation de la prospérité économique au sein du secteur agricole canadien. C’est également le domaine de la gestion des risques qui offre le plus de possibilités de croissance efficace.
- La baisse des investissements dans la recherche, le transfert de connaissances, les infrastructures et le marketing a affaibli la capacité du Canada à soutenir une gestion proactive des risques. En tant que pays preneur de prix, le Canada doit continuer à investir dans des politiques et des programmes qui renforcent la capacité de gestion proactive des risques. De plus, la capacité du Canada à continuer de soutenir la gestion des risques dans un environnement commercial de plus en plus volatile grâce à l’ensemble actuel de programmes réactifs de GRE est limitée.
- Un cadre et une stratégie modernisés de gestion des risques sont nécessaires. Un cadre politique harmonisé à l’échelle nationale qui donne la priorité à la gestion des risques, élaboré avec la participation et l’appui des producteurs, est essentiel pour créer une stratégie équitable, efficace et complète qui répond aux besoins diversifiés et évolutifs des producteurs canadiens.
- L’harmonisation des données agricoles à l’échelle nationale est essentielle. Le Canada s’appuie sur la modélisation économique pour combler les lacunes en matière d’information et fournir des solutions de gestion des risques adaptées. Investir dans des données agricoles et des indicateurs de performance nationaux intégrés et normalisés permettra de mettre en place des politiques ciblées et fondées sur des données probantes, ainsi que des solutions de gestion des risques plus efficaces.