Perspectives sur une nouvelle voie à suivre : l’avenir des paiements pour la conservation
Note de l’ICPA
Les paysages agricoles du Canada sont des systèmes vivants complexes où la santé de la nature et le succès de l’agriculture sont étroitement liés. Cette réalité contraste fortement avec un environnement politique qui traite souvent la conservation et la production alimentaire comme des objectifs distincts. Il en résulte un décalage souvent ressenti dans les exploitations agricoles, où les programmes destinés à soutenir la gestion environnementale sont parfois perçus comme complexes, peu fiables et en décalage avec les réalités économiques.
L’ICPA, en collaboration avec Canards Illimités Canada, a organisé un atelier à la mi-juillet 2025 à Stonewall, au Manitoba, qui a attiré des participants de tout le pays, notamment des représentants de l’industrie, du gouvernement, de groupes agricoles, des experts en aménagement du territoire et des organisations de conservation. Les discussions ont mis en évidence que malgré des politiques nationales solides et un intérêt marqué des producteurs pour la conservation, la mosaïque actuelle de programmes ne parvient pas à produire des résultats à grande échelle. Les participants ont suggéré que le principal défi n’est pas un manque de volonté, mais un décalage fondamental entre la conception descendante des programmes et la prise de décision ascendante, fondée sur la confiance et axée sur le profit, qui caractérise l’agriculture moderne.
L’atelier a révélé un désir de « redémarrage », un appel à dépasser les initiatives cloisonnées et à construire une approche cohérente, basée sur des systèmes et placant les agriculteurs au centre. De ces frustrations partagées est née une vision constructive et consensuelle pour l’avenir. Le présent rapport résume cette vision en commençant par les principaux enseignements qui ont été régulièrement soulevés par les participants.
Points saillants
- Les programmes actuels constituent un ensemble disparate et complexe. Un plan d’aménagement du territoire cohérent à l’échelle du bassin versant est nécessaire pour orienter stratégiquement les investissements et les adapter aux réalités de l’agriculture.
- La conservation doit être pratique et rentable. Les agriculteurs manifestent un vif intérêt, mais leur participation est souvent limitée par des programmes trop complexes, non rentables ou déconnectés de leurs besoins opérationnels.
- Les organisations locales devraient être habilitées à diriger la mise en œuvre. Le recours à des centres locaux de confiance comme principaux points de contact peut simplifier les processus, accroître la participation et renforcer ou rétablir les relations de travail.
- Les résultats environnementaux devraient être récompensés, et pas seulement les pratiques. Le passage à un modèle basé sur les résultats positionnerait la gestion responsable comme un choix commercial viable et rentable pour les agriculteurs.
- Les agriculteurs devraient être propriétaires et contrôler leurs données. Il s’agit d’une étape fondamentale pour remédier au déficit de confiance et garantir que les agriculteurs bénéficient de la valeur créée par les informations relatives à leur exploitation.