Ce que nous avons entendu: L’agroalimentaire canadien et la faim dans le monde

Note de l’ICPA et du ICAM
Le monde change, et l’agriculture et l’alimentation sont en première ligne. Un système commercial international multilatéral sous pression, une demande croissante, des pressions sur la production et le changement climatique se conjuguent pour resserrer les approvisionnements, accroître l’insécurité alimentaire et remettre en question le commerce mondial. En tant que principal pays exportateur de produits alimentaires, la façon dont le Canada choisira de réagir définira sa place dans le monde. Le Canada a la possibilité de s’établir comme une superpuissance alimentaire, jouant un rôle majeur sur la voie de la sécurité alimentaire, de la paix et de la stabilité mondiales. Mais il faut une stratégie nationale plus ambitieuse et à long terme qui accorde la priorité à l’agroalimentaire.
À la lumière de cette opportunité croissante, l’Institut canadien des politiques agroalimentaires (ICPA), l’Association canadienne du commerce agroalimentaire (ACCA) et l’Institut canadien des affaires mondiales (ICAM) ont uni leurs forces pour organiser une conférence le 31 janvier 2023 à Ottawa. Cette conférence a réuni un vaste groupe d’intervenants des milieux du commerce, de la diplomatie, de l’industrie agroalimentaire, des politiques et du milieu universitaire pour entendre un groupe diversifié d’experts de premier plan parler des défis, des possibilités et des stratégies nécessaires pour tirer parti de cette nouvelle réalité pour l’agroalimentaire canadien. Voici les cinq principales conclusions que nous avons tirées de la conférence.
Points saillants
– Le monde a connu un changement de paradigme, passant d’une ère d’abondance alimentaire à une ère de pénurie. L’invasion de l’Ukraine n’a fait qu’aggraver la situation, contribuant à une plus grande incertitude, à une hausse des prix et à des pénuries alimentaires.
– L’insécurité alimentaire s’est aggravée et constitue une préoccupation pour tous les pays, le nombre de personnes souffrant de faim aiguë atteignant 348 millions en 2022. Les pays en développement d’Afrique et d’Asie, qui dépendent des importations, ont été particulièrement touchés, mais les grandes économies avancées sont également confrontées à des pressions.
– Le système commercial multilatéral de l’OMC est dysfonctionnel. Les règles commerciales, qui offraient autrefois stabilité et certitude, sont aujourd’hui moins fiables, car l’OMC s’efforce de faire face au changement climatique, à la sécurité alimentaire et au commerce dans un contexte de tensions protectionnistes et géopolitiques.
– La nouvelle stratégie indo-pacifique du Canada est un pas dans la bonne direction. Elle sert de modèle et se concentre sur une stratégie à long terme visant à étendre et à diversifier les échanges commerciaux et à promouvoir la paix, la résilience et la sécurité dans un marché en pleine croissance, tout en renforçant une approche solide et générale à l’égard de la Chine.
– Le Canada a besoin d’une vision et d’une stratégie à long terme. Bien que le Canada possède une grande partie de ce dont le monde a besoin, il devient de plus en plus difficile de le lui faire parvenir. L’infrastructure du Canada atteint sa capacité, notre système de réglementation doit devenir plus souple, nous prenons du retard en matière d’innovation et de compétitivité et les Canadiens sont de plus en plus complaisants.